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Transcription de Henri Guaino sur Europe 1

18h41 on se retrouve en direct dans punchline sur CNews et sur Europe1 toujours avec Laurent Ragnel et Éric Revel. Nous accueillons Henry Guénon, bonsoir. Henry Guénon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, vous publiez ce livre à la 7e fois, Les Murailles Tombent aux éditions du Rocher.

L'actualité, c'est cette grande manifestation et tout est lié. Ce que l'on vit aujourd'hui est très lié à ce qu'il y a dans votre livre. La grande manifestation hier contre l'antisémitisme a réuni 2000 personnes à travers toute la France. Est-ce qu'à vos yeux c'était un succès ou est-ce que c'était un demi-échec ?

Alors moi, je ne dirais pas que c'était un succès en termes de nombre, en tout cas, c'est-à-dire ce n'était pas la marque d'un grand sursaut de la nation qui refuse l'antisémitisme et plus généralement le racisme. Pourquoi les Français ne sont-ils pas mobilisés à votre avis ?

Je ne sais pas, mais quelque chose d'un peu inquiétant, c'est-à-dire qu'on voit bien que la société, la France n'est pas la seule dans ce cas, toutes les sociétés occidentales sont dans cette situation. Dans cette société, il y a des personnes qui se radicalisent, et puis au milieu, il y a une majorité de gens, plus une sorte de ventre mou qui ne prend pas vraiment partie. Une partie est prête à se mobiliser, déjà dans le sursaut, et l'immense majorité de ce grand centre, enfin, qui est mou, en sens qu'il ne s'engage pas.

Donc certains par attentisme, d'autres peut-être par indifférence ou parce qu'ils ne se sentent pas encore concernés. Mais en tout cas, il y a cette majorité de Français, je pense que la majorité des Français, elle est prise en tenaille entre deux radicalités. Quelles sont-elles, selon vous ?

À vos yeux, c'est une réussite ou un échec ? Moi, je ne sais pas dire, mais je trouve que le danger est devenu très important. Le danger de l'antisémitisme est un des symboles les plus inquiétants, car si vous regardez l'histoire, c'est le prélude à une catastrophe, à une violence extrême en Occident.

Je répète ça tout le temps, mais depuis 2000 ans, c'est la figure du bouc émissaire. Certes, il y a un nouvel antisémitisme qui vient se rajouter à ce bouc émissaire deux fois millénaire, mais le problème, c'est qu'il vient s'ajouter à ce souvenir de toutes les violences antisémites de l'histoire. Il arrive dans une société qui est déjà fracturée, déjà affaiblie, déjà fragilisée. On oublie tout le reste. Cette société est tenaillée, travaillée, minée par la colère sociale, par la colère identitaire, par la colère des ruraux contre les citadins, d'une partie des citadins contre les autres, une partie des banlieues contre les citadins, etc.

On est dans une grande fracture, et rajouter des chocs de ce genre par-dessus, c'est grave. Ça se rajoute aux chocs qui sont en train de fracturer le monde. Vous dites que les responsables politiques actuels ont une responsabilité passée aussi. Oui, bien sûr, mais tout le monde a une responsabilité. Les responsables politiques plus que d'autres, puisqu'ils ont gouverné, mais tout le monde a une responsabilité.

Si on a en fait des décennies qu'on détruit les sociétés occidentales, qu'elles s'autodétruisent, qu'on laisse les uns les autres, que l'on soit acteur de cette destruction ou indifférent au fond à ce qui se passait jusqu'au jour où évidemment cette fracture sociale et cette violence vous sautent à la figure. C'est une réalité. Il y a une responsabilité collective. On n'arrive pas à une décomposition sociale, à un malaise social ou un malaise dans la civilisation comme aujourd'hui sans que tout le monde ait une part de responsabilité, même si certains ont une part plus lourde que d'autres.

L'absence d'Emmanuel Macron dans cette manifestation a été largement critiquée. Est-ce que cette critique a du sens pour vous ?

Je crois qu'on s'est beaucoup focalisé sur cette absence. Après tout, que le Président de la République n'ait pas manifesté n'est pas non plus un événement extraordinaire. Certains de ses prédécesseurs y sont allés dans certaines circonstances, dans d'autres, ils n'y sont pas allés. Plus gêné par la lettre aux Français qu'il a adressée pour expliquer son absence que par l'absence elle-même. Pardon dans la lettre française. Mais ce qui me gêne, c'est tout d'abord qu'on ne dit pas 'Je suis le garant de l'unité des Français, donc je n'y vais pas'. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a d'un côté les antisémites et de l'autre les prosémites. C'est curieux comme façon d'avoir ramené cette manifestation à un problème de camp et de clan.

Donc, je ne vais pas. Je peux comprendre que le président ne choisisse pas un camp, mais justement, cette manifestation, son essence même, son esprit, c'était de ne pas s'enfermer dans un camp. C'était le camp de l'universel. C'est d'abord la nation, puis c'est une nation fondée sur un universalisme qui lui est congénital. Enfin, voilà. Donc, vous ne parlez pas comme ça et puis, vous ne mélangez pas le conflit israélo-palestinien avec la question du refus de l'antisémitisme. Il faut dissocier les deux, pour vous.

L'antisémitisme et la question de ce qui s'est passé en Israël, mais bien sûr. Enfin, cette manifestation avait pour but de montrer que les Français s'opposent à la montée de l'antisémitisme. Que vous soyez favorable à la politique d'Israël ou défavorable, que vous soyez plus ému par les victimes civiles d'un côté que de l'autre, c'est dépasser tout cela pour dire qu'il y a quelque chose que nous ne voulons absolument pas. C'est de l'antisémitisme et aussi, d'ailleurs, du racisme de façon plus générale.

Moi, j'ai été frappé puisque j'ai participé finalement à cette manifestation. J'étais frappé par l'ambiance qui régnait. Donc, si vous voulez, c'est d'une part, c'est un demi-échec du point de vue quantitatif, mais du point de vue de l'état d'esprit qui régnait dans cette manifestation, j'ai trouvé ça assez émouvant. C'est-à-dire qu'il y avait là des gens de droite, de gauche. J'ai discuté avec beaucoup de gens. Bon, il manquait des jeunes, il manquait certaines catégories de la population, mais les gens qui étaient là étaient là pour ça. Ils étaient là pas du tout parce qu'ils étaient pour ou contre, partisans ou adversaires d'Israël, partisans du Hamas. Personne ne m'a parlé de ça. Les gens étaient graves, sérieux. Ils ne brandissaient pas des drapeaux français, chantaient la Marseillaise. Voilà, et ils chantaient la Marseillaise, mais souvent, ils ne brandissaient rien du tout, la plupart. Vraiment, il y avait dans cette foule, voyez, une gravité vraiment émouvante. C'était une foule qui disait non à quelque chose de très dangereux.

Henry Guénon, l'invité de CNews et Europe1. Une question, derrière, oui. Je suis très frappé depuis le début, la première question de Laurence Ferrari sur le succès ou le demi-échec de cette manifestation, vous dites lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ou vous dites il y a la cause des Juifs et celle des musulmans. C'est-à-dire que vous renvoyez d'une certaine manière à cette émergence d'une islamophobie en France et l'antisémitisme non ?

L'islamophobie, je sais pas ce que c'est. Je sais ce qui est le racisme, mais l'islamophobie, je sais pas très bien ce que c'est. Il n'y a pas à renvoyer dos à dos là. Il y a, vous ou parce que l'antisémitisme, on a oublié parfois où on fait semblant de l'oublier, c'est un racisme. Depuis le 20e siècle, c'est devenu une question raciale. Depuis le 20e siècle, la biologie est entrée dans ce, avant c'était la religion, ce qui n'était pas forcément mieux. On tuait des gens aussi au nom de la religion. Mais depuis le 20e siècle, c'est devenu une question raciale. Non, je vous pose cette question parce que le recteur de la Grande Mosquée de Paris, lui précisément, il a dit qu'il aurait fallu appeler à lutter contre le racisme. Il serait venu dans ces conditions. Oui, mais ça, non, c'est pour ça que je pose cette question.

Je pense qu'il aurait enfin, mon sens, mais ça moi, je veux pas juger les uns et les autres, il aurait pu venir malgré ça. Pourquoi ? Parce que, en ce moment, ce qui explose dans nos sociétés, c'est l'antisémitisme. C'est cette version du racisme qui nous saute à la figure, mais qui est l'une des plus dangereuses. Pourquoi ? Pour ce que je viens de dire, c'est-à-dire que parce que, elle risque de réveiller quelque chose que nous ne saurons en plus ensuite pas maîtriser. C'est quoi ? Qu'est-ce que, mais c'est ça, c'est le bouc émissaire. Les sociétés en crise cherchent des boucs émissaires depuis toujours. Depuis toujours, voilà. Notre société passe parce qu'elle est en crise, parce qu'elle est malade, parce qu'elle est divisée, fracturée, elle fabrique ses boucs émissaires. Chacun cherche ses boucs émissaires. Chacun a le bouc, trouve un bouc émissaire dans l'autre. Et là, brusquement, ressurgit, au milieu de nous, de notre société, de notre civilisation, cette figure du bouc émissaire qui est celle du Juif.

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